LE MANUEL DES ENCADREURS

Les étranges clients
des encadreurs

Une drôle galerie des clients qui fréquentent nos boutiques
L'expéditif
C'est celui qui entre dans notre magasin à toute allure et se fie aveuglément à nos conseils, sans doute parce qu'il n'a pas le temps de les discuter. Parfois il laisse le tableau sur le présentoir en nous disant : "Choisissez vous-même le cadre". Il ne demande jamais les prix, ne les discute pas. Tout lui convient. Le client idéal en somme !
Le jamais content
C'est celui qui voudrait que la couleur rose du passe-partout soit légèrement moins rose et la baguette légèrement plus petite. Le genre de client qui nous fait perdre des heures mais qui, malgré cela, n'est jamais content. Que faire avec lui ? La seule solution est une certaine fermeté. Il faut imposer des limites. Plus nous lui proposons d'échantillons et plus il voudrait en voir d'autres. Il va même jusqu'à nous demander de faire un cadre d'essai pour mieux juger de l'effet. Si, après une demi-heure passée dans le choix d'un passe-partout, le client ne s'est pas encore décidé, nous pouvons le cataloguer dans la catégorie : client qu'il vaut mieux perdre que garder. Il ne nous reste plus qu'à nous excuser et dire que nous ne sommes pas en mesure de satisfaire ses exigences. Nous pouvons éventuellement lui suggérer le nom d'un autre encadreur (le nom de notre pire concurrent fera l'affaire !).
Le marchandeur
N'importe quel prix pour cet individu est excessif. Nous ne devons jamais céder à ses insistances et ne pas avoir peur éventuellement de perdre la vente. Pour ce genre de client, la demande d'une remise de prix est une habitude, voire une obligation morale. Sa devise est : Marchandons coûte que coûte ! Si nous cédons une seule fois, nous lui ferons comprendre que le prix peut-être discuté. Une occasion pour lui de nous demander un ultérieur escompte. Nous pouvons lui expliquer gentiment que le prix pourra être réduit si on élimine le passe-partout ou si nous réduisons le cadre. Normalement à ce point, il abandonne sa requête et accepte de bon gré.
Une alternative, dans le cas où l'on connaît déjà les (mauvaises) habitudes du client, serait de proposer un prix plus élevé et de concéder ainsi une fausse remise. Une technique que nous n'approuvons pas qui peut provoquer à la longue d'autres fâcheux inconvénients.
Le vétilleux
Il trouvera toujours un défaut lors de la consigne du cadre terminé qu'il examinera à la loupe à la recherche de la poussière qui s'est glissée sous le verre ou d'un angle qui n'est pas parfaitement joint. Il exige que nous refassions tout le travail s’il a le malheur de découvrir un minuscule défaut dans le cadre. Le genre de client antipathique pour lequel on ne travaille vraiment pas volontiers. Mieux vaut lui demander un acompte plutôt important voire un paiement anticipé. Et pourquoi pas, appliquer le tarif spécial "clients antipathiques", une espèce d'indemnisation en sorte !
Le sûr de lui
Il ne tient compte d'aucun conseil. Quand il rentre dans votre magasin, il a déjà les idées claires sur la baguette qu'il désire. Surtout, qu'on ne le contrarie pas ! C'est en somme un assez bon client même si parfois il affiche une certaine arrogance.
Le timide
Il a peur d'exprimer ses goûts ou bien qu'on comprenne qu'il n'est pas très expert en la matière. Il accepte de bon gré n'importe quelle proposition et n'exprime aucune objection. C'est un bon client qu'on doit traiter avec déférence même s'il se montre peu expansif. Il faut veiller cependant à ne pas le décevoir. C'est un client qui ne proteste que d'une seule façon : en changeant d'encadreur !
L'assidu
Il trouve toujours quelque chose de nouveau à encadrer. Il achète n'importe quoi pour le plaisir de le faire encadrer. Il aime les encadrements sophistiqués et originaux, même si ils sont coûteux et semble fort satisfait chaque fois qu'on lui propose des nouveaux modèles de baguettes.
Le snob
Ou celui qui n'accepte d'être servi que par le titulaire et dénigre les employés. Si ce dernier n'est pas présent, Monsieur se fâche et s'en va !
Il n'existe pas de système pour guérir ce genre d'individu. L'unique solution pour remédier à priori à ce problème consiste à valoriser vos collaborateurs. Il faudra à tout prix éviter de critiquer ou contrer vos employés en présence des clients. D'éventuelles observations pourront être faites à part. Si une intervention est vraiment nécessaire pour corriger l'employé devant le client, on devra le faire avec beaucoup de tact. 
Si le client se rend compte que les employés sont tout aussi valables que le titulaire, il ne se sentira aucunement diminué si c'est avec eux qu'il doit traiter.